Les solutions naturelles pour éviter les fuites

Bien sûr que oui.

Mais il ne tient qu’à vous qu’il n’en soit pas ainsi, et que la réponse à la question soit : 

Bien sûr que non.

Soyons clairs, soyons brefs. Le sujet est intime, émotionnel, mais en fait assez simple.

De quoi parle t-on ? Des fuites urinaires.

De qui parle t-on ? De tout le monde.

Le vieillissement de nos organes et de nos tissus provoque l’incontinence

Hommes, femmes, à partir de cinquante ans, nous sommes tous potentiellement concernés.

Certes, il y a plus de risques que ce problème survienne, ou qu’il survienne plus tôt, si vous avez accouché par voie basse, si vous êtes diabétique, si vous prenez certains traitements médicamenteux (antihistaminiques ou décongestionnants par exemple). 

Mais, par le simple fait du vieillissement, nous serons tous confrontés, plus ou moins tôt, à des dysfonctionnements de notre appareil urinaire.

Notre machine à faire pipi, notre système urinaire, pour parler plus élégamment, soit l’ensemble composé des reins, des uretères, de la vessie, de l’urètre et des sphincters, est une merveille de complexité mécanique, neurologique et chimique

Cette machine est beaucoup plus sophistiquée que notre système fécal, somme toute assez basique dans son fonctionnement. 

Avec l’âge, cette merveilleuse machine déraille

C’est triste, c’est désagréable, mais c’est ainsi.

Vous n’êtes pas encore concernés ? 

Tant mieux pour vous. Adoptez dès maintenant les habitudes de vie qui vous permettront de le rester encore le plus d’années possibles – je vais vous les indiquer.

Vous êtes déjà concernés, comme moi ? 

Pourquoi avoir honte ?

Vous n’avez pas honte de parler de votre vue qui baisse, de vos problèmes d’audition ? Alors pourquoi réagir différemment à ce sujet qui est aussi un fait du vieillissement ? 

Peut-être parce que nous avons en tête l’image effrayante, humiliante, des personnes âgées qui mettent des couches culottes…

Mais ne rien dire, ne rien faire, ne va pas arranger les choses, vous êtes d’accord avec moi ? Alors que les solutions existent, selon la gravité de la situation, selon vos priorités de vie aussi. Nous allons en parler.

Des causes diverses… avec les mêmes conséquences !

Différentes causes concourent à l’apparition de l’incontinence urinaire. Elles sont parfois différentes selon le sexe, elles sont parfois le reflet d’une histoire personnelle. Mais nous parlons toujours d’effets liés à l’âge ou à l’usure de la vie.

  • Nous connaissons mal notre plancher pelvien, et certains hommes croient même que seules les femmes en ont un. Grossière erreur. Nous possédons tous ce filet musculaire, situé au bas de notre abdomen, qui maintient en place la plupart de nos organes. Lorsque notre plancher pelvien perd de sa tonicité, plus encore lorsqu’il est déchiré, par un accouchement par exemple, les organes comme la vessie, l’utérus ou le rectum, descendent sous leur position normale. Ceci entraîne une pression sur l’organe situé tout en bas, à savoir la vessie. D’où des difficultés pour la vider complètement, des pertes involontaires d’urine pendant des activités physiques (incontinence d’effort) ou en raison de l’envie urgente d’uriner (incontinence par urgenturie).
  • Les muscles de la vessie eux-mêmes perdent de leur tonicité et de leur souplesse avec l’âge. Par un subtil équilibre, les muscles des parois internes et externes de la vessie retiennent notre urine tout en signalant, le moment venu, aux muscles du sphincter de l’urètre le besoin de la vidanger. Si l’un de ces muscles s’affaiblit, la vessie ne peut plus se remplir ou se vider complètement, le sphincter contrôle moins précisément le moment et la quantité d’urine émise : les fuites commencent.

Chez l’homme, la prostate est le talon d’Achille du système urinaire

Chez l’homme, l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) est une affection fréquente à partir de 50 ans. Bénigne, comme son nom l’indique, c’est-à-dire sans réel danger pour la santé.

Elle provoque cependant un élargissement de la prostate qui comprime l’urètre, perturbant ainsi l’écoulement normal de l’urine et entraînant une incontinence. Les infections de la prostate peuvent également provoquer une miction fréquente – vous avez envie d’uriner plus souvent – et parfois de l’incontinence. Sans parler des conséquences de toute opération de la prostate, qui peut provoquer des dommages aux nerfs ou aux muscles de la vessie et donc entraîner une incontinence urinaire.

Chez la femme, les cystites et la ménopause favorisent l’incontinence

Chez les femmes, les infections de la vessie sont une cause fréquente de douleurs et d’incontinence. Les femmes sont particulièrement vulnérables à ces infections en raison de leur anatomie : l’urètre féminin est plus court que celui des hommes, permettant aux bactéries de remonter de l’extérieur du corps vers la vessie. La cystite est le type d’infection urinaire le plus fréquent. Elle provoque des douleurs pendant la miction et une envie fréquente d’uriner.

A la ménopause, la diminution des niveaux d’œstrogènes peut affaiblir les muscles et les tissus soutenant la vessie. L’atrophie vaginale et de l’urètre, en particulier, peut provoquer des douleurs et des gênes lors de la miction, ainsi qu’une tendance accrue aux infections urinaires. 

Attention à l’alcool, à la caféine et au tabac… et ça vaut pour tout le monde !

Certains médicaments, notamment les diurétiques, les antihypertenseurs, ou les médicaments utilisés pour traiter les troubles de la vessie, peuvent entraîner des effets secondaires qui affectent le contrôle de la vessie. 

Des études montrent qu’une consommation excessive d’alcool ou de café peut également provoquer des irritations de la vessie. 

Enfin, le tabac joue un rôle aggravant pour le déclenchement et l’intensité des fuites urinaires

Quant au diabète, lorsqu’il est mal régularisé, il peut entraîner des problèmes nerveux affectant le contrôle de la vessie, et donc entraîner des fuites urinaires.

Des conséquences physiologiques, mais surtout psychologiques et sociales

Ce n’est pas sur le plan physiologique que ces fuites sont préoccupantes : elles ne sont pas graves en tant que telles pour votre santé.

Mais en revanche, elles peuvent avoir un impact énorme sur votre estime personnelle, votre confiance en vous et, bien-sûr, votre vie quotidienne. Pour reprendre le titre de cette lettre : elles pourraient vous gâcher la vie.

  • Qui dit urine dit odeur, et vous n’avez pas envie qu’on vous associe à celle-ci.
  • Qui dit fuite urinaire dit problème de sommeil car, non seulement vous vous réveillez la nuit pour uriner, mais vous allez aussi mal dormir à cause de votre inquiétude liée aux risques de fuites urinaires.
  • Qui dit incontinence dit moins d’envie de voyager ou de sortir, moins d’énergie pour faire du sport. Toutes ces situations peuvent donner lieu à une situation embarrassante, avec toute la gêne qui s’ensuit. Nombreux sont ceux qui préfèrent renoncer à ces plaisirs de la vie plutôt que de risquer une fuite en public.
  • Qui dit plaisirs de la vie dit vie sexuelle épanouie – en principe – mais l’incontinence urinaire trouble la vie intime. Selon une étude publiée par l’institut gynécologique scandinave, un tiers des femmes souffrant d’incontinence urinaire ont des fuites durant l’acte sexuel.

Bref, ce problème bénin, sur le plan médical, peut prendre une place énorme dans votre vie :

  • Il affecte profondément votre estime de vous-même.
  • Il nuit à vos rapports avec votre conjoint et votre entourage.
  • Il vous conduit à l’isolement et au repli sur vous-même.

C’est ce que j’appelle vous gâcher la vie ! 

Les solutions sont nombreuses et à votre portée aujourd’hui

Je ne peux ici vous faire un diagnostic individuel. Mais je tiens absolument à vous convaincre de deux choses maintenant : 

  1. Des solutions existent pour chacun des problèmes ou des pathologies que j’ai évoqués dans cette lettre – et je vais brièvement vous les lister.
  2. Le début de la solution est de partager avec votre médecin et vos proches les difficultés que vous rencontrez. Vous trouverez ensemble des solutions et vous reprendrez confiance. En parler, c’est déjà un acte de courage.

L’affaiblissement du plancher pelvien n’est pas une fatalité 

Comme tous les muscles, cette gaine peut s’entraîner, se renforcer, par des exercices physiques réguliers. Un ostéopathe ou un kinésithérapeuthe vous indiqueront comment faire. Ce travail est efficace mais long, d’où l’intérêt de commencer avant que les premiers symptômes n’apparaissent. Les sphincters de l’urètre peuvent également être musclés par une gymnastique spécifique !

Il existe aussi des exercices destinés à améliorer ou reprendre le contrôle de votre vessie, par exemple en planifiant la durée entre deux mictions. Vous apprenez ainsi à votre cerveau et à votre corps à gérer les sensations transmises par les muscles de votre vessie. Un urologue vous aidera à définir un programme de rééducation adapté.

Des adaptations toutes simples de vos habitudes de vie ou de vos habitudes alimentaires peuvent faire une grande différence. Mieux gérer les quantités que vous buvez, notamment le soir, les quantités de thé et de café, d’alcool que vous consommez, peut faire la différence entre trois et deux gouttes, et surtout entre une goutte et plus du tout.

Des plantes au rendez-vous pour réduire ou anticiper les fuites urinaires

Pour renforcer les muscles de votre vessie, la baie de canneberge (cranberry), la bruyère, les pépins de courge (en huile), la noix de cyprès et le reishi sont les plantes les plus utilisées en phytothérapie contre les troubles urinaires. Votre médecin, s’il est adepte des huiles essentielles, vous recommandera sans doute la lavande et l’ylang-ylang, en massage sur l’abdomen, ou les pépins de courge ou le cyprès par voie orale.

Si vous souffrez d’infections urinaires, voici quelques plantes connues pour leurs vertus diurétiques, anti-inflammatoires, et antibactériennes qui, sous forme de cures régulières, ou en cas de crise, peuvent vous aider à les réduire ou les éliminer : la busserole, la bruyère, le thym et l’anis vert.

Dans certaines situations, les protections vous rassureront

Contre les problèmes de prostate (HBP), en cas de ménopause, si vous êtes sujet ou sujette à de fréquentes infections urinaires, il existe depuis longtemps des traitements médicamenteux éprouvés, sans graves effets secondaires. Je ne vais pas vous faire la liste des molécules ici : parlez-en à votre médecin, il a l’habitude. Peut-être hésite t-il à vous en parler lui-même, pour ne pas vous gêner.

Pourquoi aussi ne pas utiliser – et je m’adresse plutôt aux femmes – des protections spécifiques lorsqu’elles vous seraient utiles ? Si vous commencez à avoir de l’appréhension, lors de certaines sorties ou en cas d’efforts physiques particuliers, elles font partie des solutions. Là encore, c’est souvent dans notre tête que réside la gêne et la honte. Je ne vous parle pas de couches, qui sont réservées aux personnes totalement incontinentes. Il existe des serviettes adaptées, aussi discrètes et confortables que les protections hygiéniques que vous avez utilisées toute votre vie. Évitez cependant d’utiliser les mêmes produits que pour vos règles car l’urine est plus liquide que le sang et présente des risques allergiques particuliers.

Des solutions technologiques plus invasives… que je ne vous recommande pas

La chirurgie esthétique a récemment investi le champ de l’incontinence, avec des résultats incertains et des risques importants vu la sensibilité de cette zone de notre corps. 

Les injections de botox dans la vessie ou l’urètre, les stimulations électriques, la stimulation tibiale (l’envoi d’impulsions électriques dans le nerf fibulaire situé à l’arrière du tibia pour court-circuiter les messages envoyés par le cerveau à la vessie), ou l’opération consistant à placer sous l’urètre une petite bande de tissu, sont des approches qui ne devraient être recommandées QUE PAR VOTRE MÉDECIN.

Faire face et anticiper sereinement

L’incontinence, les fuites urinaires ou l’inconfort urinaire, pour utiliser un euphémisme, sont une de ces réalités qu’il faut affronter avec l’âge. Quand on est jeune, c’est facile de ne pas y penser, de faire comme si ça n’arrivera jamais. Arrivé à mon âge (et non je ne vous le donnerai pas), on peut attendre d’être rattrapé par la réalité, ou tenter d’anticiper. Dans les deux cas, ne rien faire c’est pire, et ne rien dire, c’est se condamner à ne rien faire. 

Les solutions existent : à vous de jouer !

Prenez soin de vous. 

Votre correspondant, Léopold Boileau

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Sources :

  1. Cameron AP, Helmuth ME, Smith AR, Lai HH, Amundsen CL, Kirkali Z, Gillespie BW, Yang CC, Clemens JQ; LURN Study Group. Total fluid intake, caffeine, and other bladder irritant avoidance among adults having urinary urgency with and without urgency incontinence: The Symptoms of Lower Urinary Tract Dysfunction Research Network (LURN). Neurourol Urodyn. 2023 Jan;42(1):213-220. doi: 10.1002/nau.25070. Epub 2022 Oct 23. PMID: 36579975; PMCID: PMC9811496.
  2. Mobley D, Baum N. Smoking: Its Impact on Urologic Health. Rev Urol. 2015;17(4):220-5. PMID: 26839519; PMCID: PMC4735668.
  3. https://www.niddk.nih.gov/health-information/diabetes/overview/preventing-problems/sexual-bladder-problems
  4. Nilsson M, Lalos O, Lindkvist H, Lalos A. How do urinary incontinence and urgency affect women’s sexual life? Acta Obstet Gynecol Scand. 2011 Jun;90(6):621-8. doi: 10.1111/j.1600-0412.2011.01120.x. Epub 2011 Apr 15. PMID: 21371000.