« Tu as fait ton check up ? »

Si on vous pose la question et que vous ne voyez pas de quoi on vous parle, pas de panique !

Le « check up », c’est le nouveau terme à la mode pour désigner ces bilans sanguins qui mesurent, entre autres, vos taux en nutriments : vitamines, minéraux, acides aminés etc.

Sur le principe, vous avez tout intérêt à surveiller ces taux, je ne vous dirai pas le contraire ! Puisque l’alimentation est notre première médecine, cela a évidemment du sens.

Mais le problème est que ces bilans sanguins, dont les tarifs sont souvent prohibitifs, ne suffisent pas à poser un diagnostic fiable sur vos risques de carences nutritionnelles.

Pire : ces analyses peuvent vous induire gravement en erreur

C’est notamment le cas des dosages sanguins en vitamines B et C et en magnésium, des nutriments pourtant vitaux pour votre santé.

Les vitamines B et C sont dites « hydrosolubles » – cela signifie qu’elles se dissolvent facilement dans l’eau.

Lorsque vous prenez un repas riche en vitamines B et C, ces vitamines circulent rapidement dans votre sang. Si vous faites votre prise de sang juste après votre repas, l’analyse dira alors que vos taux sont élevés.

À l’inverse, si vous avez consommé votre dernier repas riche en vitamines B et C la veille de votre prise de sang, vous en aurez éliminé une grande partie dans vos urines et on dira alors que vous êtes carencé.

Dans un cas comme dans l’autre, les résultats de votre analyse de sang sont faussés et les conséquences pour votre santé peuvent être fatales.

Avec le magnésium, c’est encore un autre problème

Vous pouvez évaluer de manière fiable votre taux de magnésium dans le sang (taux sérique).

En revanche, cela ne dira rien sur le fait que vous soyez carencé ou non car votre sang contient à peine 1% de vos réserves en magnésium. Le reste se trouve dans vos os (50-60 %), vos muscles (20 %) et vos autres cellules dont celles du système nerveux, du cœur et du foie (20-30 %).

Une analyse de sang pourrait donc vous laisser penser, à tort, que vous avez un bon taux de magnésium alors qu’elle ne porte que sur le taux sérique. C’est trop limité et vous ne pouvez donc pas savoir si vos réserves en magnésium sont suffisantes dans le reste de votre corps.

Comment faire alors ?

Imaginons que vous ayez pris rendez-vous avec un nutritionniste et voyons comment il procède pour savoir si vous êtes carencé en magnésium.

D’abord, il y a la science

Il existe des études de référence évaluant les carences nutritionnelles au niveau de la population.

Parmi les plus fréquentes, il y a les carences en magnésium, en vitamine D, en vitamine C, en vitamine E et bien d’autres encore.

Votre nutritionniste sait que ces études montrent que près de 8 Français sur 10 sont en déficit de magnésium. [1] C’est énorme.

Il sait également que les apports en magnésium sont difficiles à atteindre par l’alimentation seule, y compris pour les personnes qui mangent sainement.

Du fait des techniques d’agriculture intensive et de l’appauvrissement des sols, les études scientifiques montrent que dans certains aliments courants, la teneur en magnésium aurait baissé jusqu’à 70% entre 1940 et 2002 ! [2]

Si vous ne prenez pas de complément alimentaire de magnésium, votre nutritionniste sait donc déjà, au moment où vous entrez dans son cabinet pour la première fois, que votre risque de souffrir d’une carence en magnésium est important.

Il va maintenant voir si les troubles dont vous souffrez augmentent encore la probabilité que vous soyez carencé en magnésium.

Ce qui va lui mettre la puce à l’oreille

Le magnésium est impliqué dans plus de 400 processus biologiques vitaux et une carence en magnésium peut donc être à l’origine de nombreux troubles et maladies.

Si vous souffrez d’un ou de plusieurs des symptômes suivants, cela augmentera encore la probabilité que vous soyez carencé en magnésium.

Si vous voulez faire l’exercice vous-même, voici une liste alphabétique (non-exhaustive) des symptômes les plus courants. Prenez un moment pour la parcourir et regardez si certains de vos symptômes s’y trouvent :

Alzheimer. Angines. Anxiété. Arthrose. Arythmie cardiaque. Asthme. Athérosclérose. Bronchites. Bruxisme. Caillots sanguins. Calculs rénaux. Caries dentaires. Cholestérol élevé. Crampes. Crises de panique. Cystites. Dépression. Diabète. Dysfonction de l’articulation temporo-mandibulaire. Fatigue. Fibromyalgie. Fourmillements. Fringales. Hypertension artérielle. Hyperthyroïdie. Hypoglycémie. Indigestions. Infertilité. Inflammation. Irritabilité. Insomnies. Jambes sans repos. Mains et pieds froids. Mal de dos. Migraines et maux de tête. Nervosité. Ostéoporose. Parkinson. Perte de concentration. Perte de libido. Perte de mémoire. Problèmes d’intestins. Problèmes de reins. Reflux acide. Syndrome de Raynaud. Syndrome du côlon irritable. Spasmes intestinaux. Spasmes musculaires. Syndrome prémenstruel. Tendinites.Torticolis. Vertiges. [3]

Statistiquement, votre nutritionniste sait déjà que vous avez 8 chances sur 10 d’être en déficit de magnésium. Si vous souffrez d’un ou de plusieurs des troubles cités ci-dessus, il en sera pratiquement certain.

Toutefois, pour consolider encore son diagnostic, il vous posera des questions sur vos habitudes de vie et les médicaments que vous prenez éventuellement. Là encore, vous pouvez aussi vous poser ces questions vous-même.

Dans le cas du magnésium, un déficit nutritionnel s’aggrave encore si:

  • Vous consommez régulièrement : Alcool. Caféine (café ou thé). Sucre. Produits à forte teneur en calcium. Complément alimentaire de calcium ou de vitamine D (le magnésium est indispensable à l’assimilation de ces nutriments par votre organisme).
  • Vous êtes stressé. Vous fumez.
  • Vous prenez des médicaments connus pour vider nos réserves en magnésium, en particulier : Antiacides – Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Antibiotiques. Corticoïdes. Statines. Diurétiques. Pilule contraceptive. Radiothérapie.

Si vous êtes concerné par au moins l’un de ces facteurs, votre nutritionniste saura, presque à coup sûr, que vous êtes en manque de magnésium et qu’il faut traiter cette carence en priorité.

Vous pouvez utiliser ce même raisonnement pour les autres nutriments les plus importants. Par exemple : si vous avez plus de 50 ans, que vous habitez en France et que vous avez peu l’occasion de vous exposer au soleil, vous manquez presque à coup sûr de vitamine D. Si vous êtes sous statines, vous manquez certainement de Coenzyme Q10. etc.

5 questions pour rechercher un déficit nutritionnel

Faisons le bilan de ce que nous venons de voir ensemble.

Pour diagnostiquer d’éventuelles carences nutritionnelles, les analyses sanguines sont coûteuses et rarement suffisantes.

En revanche, en vous posant les bonnes questions, votre médecin, votre nutritionniste et pourquoi pas vous-même, pouvez très bien savoir quelles sont vos carences nutritionnelles les plus probables.

Voici donc les 5 questions essentielles à se poser pour identifier une carence nutritionnelle (en magnésium ou pour n’importe quel autre nutriment) :

  1. Les risques de carences concernant ce nutriment sont-ils fréquents ?
  2. Les troubles dont je souffre sont-ils connus pour être liés à un déficit nutritionnel particulier ? 
  3. Dans mon alimentation, ce nutriment est-il rare ou abondant ?
  4. Mes habitudes de vie influencent-elles positivement ou négativement mes apports concernant tel ou tel nutriment ?
  5. Les médicaments que je prends sont-ils connus pour provoquer ou aggraver certaines carences nutritionnelles ?

Posez-vous ces questions pour vous-même

Tentez de relier vos troubles et les déficits nutritionnels auxquels ils pourraient être liés.

Cherchez ensuite dans votre vie ce qui peut expliquer que vous manquez de tel ou tel nutriment. Si besoin, faites-vous aider par votre médecin ou un nutritionniste.

Aujourd’hui, nous avons fait l’exercice sur le magnésium car c’est probablement le nutriment le plus important pour la santé et celui dont les risques de carences sont les plus élevés.

J’espère que ce cas pratique vous sera utile pour vous aider à déterminer si vous manquez de magnésium. Si c’est le cas, je vous invite à en parler à votre médecin, à augmenter vos apports avec des aliments riches en magnésium (cacao pur non sucré, noix du Brésil, amandes, noix de cajou) et pourquoi pas aussi à prendre un complément alimentaire de magnésium de bonne qualité.

Pour cela, évitez à tout prix l’oxyde de magnésium, également appelé « magnésium marin » car votre corps ne l’assimile pas et vous n’en tirerez aucun bénéfice. Choisissez plutôt un magnésium à haute biodisponibilité comme le bisglycinate.

Prenez soin de vous,

Léopold Boileau,

Votre correspondant

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Sources

[1] Arch Intern Med. 2004 Nov 22;164(21):2335-42.The SU.VI.MAX Study: a randomized, placebo-controlled trial of the health effects of antioxidant vitamins and minerals.Hercberg S, Galan P, Preziosi P, Bertrais S, Mennen L, Malvy D, Roussel AM, Favier A, Briançon S. 

 [2]  http://sustainabledevelopment.un.org/content/documents/Agenda21.pdf

Mayer, A-M. 1997. Historical changes in the mineral content of fruits and vegetables: a cause for concern?. p. 69-77 In W. Lockeretz, (ed). Agriculture Production and Nutrition: Proc. Sept 1997. Tufts University.

J Am Coll Nutr. 2004 Dec;23(6):669-82. Changes in USDA food composition data for 43 garden crops, 1950 to 1999.

Nutrition and Health, 2007, Vol. 19, pp. 21–55 The Mineral Depletion of Foods Available To Us As A Nation (1940–2002) – A Review of the 6th Edition of McCance and Widdowson.

[3] The Magnesium Miracle (Second Edition) (Anglais) Broché – 15 août 2017 de Carolyn Dean M.D. N.D.