« Un terroriste dans le cerveau », c’est ainsi que Susan Williams parle de la démence qui a fait sombrer son mari, le célèbre acteur américain Robin Williams. (1)

Quand j’ai lu cette phrase, j’ai été choqué.

Démence, Alzheimer, ces maladies sont terribles. Mais POURQUOI les comparer à des « terroristes » ?

Est-ce parce que, comme des terroristes, ces maladies provoquent le chaos dans le cerveau des personnes qu’elles attaquent (pertes de mémoire, hallucinations, délires…) ?

Ou peut-être est-ce parce que, en plus du chaos, ces « terroristes » sèment aussi…

La terreur dans le cerveau des victimes et de leur entourage

J’entends parfois dire que ceux qui souffrent d’Alzheimer ou de démence ont « la chance de ne pas réaliser qu’elles sont malades. »

Mais peut-on imaginer ce que c’est que de vivre au quotidien avec un « terroriste dans son cerveau » ? On en parle moins car c’est moins visible et pourtant, ces maladies neurologiques plongent leurs victimes dans un état de détresse psychologique absolu : stress, dépression, crises de panique…

En France, près d’un million de personnes vivent ce cauchemar et il faut bien le reconnaître, nous craignons tous d’être frappé à notre tour et nous nous disons : « Pourvu que je ne finisse pas comme ça. »

La Science ne sait pas encore comment guérir ces malades. Mais elle a identifié le coupable et nous ne faisons pas face à un terroriste anonyme et incontrôlable. Il s’agit plutôt d’un couple diabolique dont l’origine et les modes opératoires sont bien connus. Et malgré son extrême dangerosité, on sait désormais comment le neutraliser avant qu’il ne frappe et nous plonge dans le chaos et la terreur d’Alzheimer.

Un couple diabolique qui s’en prend à votre cerveau

Au fil des années, vos neurones sont affectés par deux types de lésions :

  • les plaques amyloïdes que l’on retrouve entre les neurones,
  • la dégénérescence neurofibrillaire que l’on retrouve à l’intérieur des neurones.

Ces lésions forment des blocs de protéines qui s’accumulent dans votre cerveau. Les scientifiques ont cherché à comprendre pourquoi, chez certaines personnes, ces amas de protéines deviennent si importants qu’ils provoquent les pertes de mémoire, Alzheimer et d’autres formes de démence.

Ils ont étudié plusieurs pistes pendant des années et ils sont arrivés à la conclusion que ce phénomène est causé par l’action d’un couple diabolique pour votre cerveau et pour votre santé en général : l’inflammation chronique et l’oxydation. Commençons par l’inflammation.

Ce feu caché pousse vos neurones à se suicider

En cas d’infection, de blessure ou lorsque l’ADN de vos cellules est altéré, l’inflammation est un processus biologique sain qui commande à vos cellules endommagées de se « suicider » pour laisser la place à de nouvelles cellules saines.

Le problème arrive quand l’inflammation devient chronique car elle peut alors provoquer un suicide de vos cellules saines. Et quand vos cellules cérébrales se suicident, votre risque de maladie neuro-dégénérative augmente drastiquement.

De très nombreuses études ont montré ce lien entre l’inflammation chronique et le risque de maladies neurodégénératives. Les facteurs limitant l’inflammation ont également prouvé leur intérêt pour lutter contre ces maladies, par exemple le régime méditerranéen connu pour ses bienfaits anti-inflammatoires, le jeûne intermittent et de nombreuses substances naturelles anti-inflammatoires comme le curcuma.

Toutefois, ces découvertes prometteuses ont eu pendant longtemps des bienfaits limités car les chercheurs s’étaient concentrés exclusivement sur l’inflammation alors que la clé est de combattre simultanément l’autre moitié de ce couple diabolique qui attaque notre cerveau : l’oxydation.

Ces molécules dévorent votre cerveau de l’intérieur

Vous avez certainement déjà entendu parler des radicaux libres.

Ce sont des substances nocives pour votre santé car elles causent des lésions oxydatives jusqu’au coeur de vos cellules, dans vos mitochondries, les batteries cellulaires qui produisent l’énergie vitale dont chaque partie de votre corps a besoin pour vivre en bonne santé.

Les radicaux libres apparaissent lorsque vous respirez. C’est pour cela que l’on dit souvent qu’ils oxydent nos cellules. Dans un environnement sain, lorsque nous sommes jeunes et en pleine santé, nous avons la capacité de lutter contre cette oxydation. Mais lorsque l’oxydation augmente sous l’effet de la pollution, d’une alimentation trop riche ou déséquilibrée, elle se propage dans notre corps, de cellule en cellule et en particulier dans nos mitochondries. (2)

Vos mitochondries sont les mini-centrales énergétiques de vos cellules et c’est là que l’oxygène que l’on absorbe est brûlé. Cette combustion peut provoquer un surplus de radicaux libres qui va étouffer vos mitochondries et dérégler l’activité de vos cellules.

En s’attaquant à vos mitochondries, l’oxydation frappe le centre de votre activité cérébrale. Une méta-analyse portant sur 323 publications couvrant 93 facteurs de risque a ainsi mis en évidence que le stress oxydant joue un rôle déterminant dans le développement de la maladie d’Alzheimer, expliquant l’intérêt porté aux antioxydants pour prévenir la maladie. (3)

Les deux faces d’une même pièce

L’inflammation chronique de vos neurones et l’oxydation de vos mitochondries sont donc les deux faces d’une même pièce.

Et c’est la raison pour laquelle vous devez impérativement vous attaquer à ces deux facettes du problème pour réduire votre risque d’Alzheimer et de toutes les autres maladies neurodégénératives. Comment ?

D’abord par votre alimentation. Une alimentation anti-inflammatoire et anti-oxydante privilégie les aliments non transformés, principalement d’origine végétale, comme les fruits et légumes, les noix et les graines, les grains entiers, l’huile d’olive et les poissons gras, les myrtilles, le brocolis, le poivron, l’avocat, les épinards, le thé vert, le thé blanc. Vous devez également limiter votre consommation des céréales raffinées comme le pain blanc, les boissons et les collations sucrées, ainsi que les viandes transformées. Plutôt que de manger moins, il s’agit de manger mieux, en suivant les principes d’une alimentation saine comprenant un maximum d’aliments frais non-transformés.

En combattant vigoureusement l’inflammation et l’oxydation par votre assiette, vous faites déjà quelque chose de primordial pour vous prémunir contre Alzheimer et toutes les autres formes de dégénérescence neurologique.

Mais vous pouvez aller encore beaucoup plus loin grâce à ces deux super-nutriments : le curcuma, roi des anti-inflammatoires naturels et la Coenzyme Q10, reine des antioxydants.

Le yin et le yang de la nutrition anti-âge

Les propriétés respectives du curcuma et de la CoQ10 sont un peu comme le yin et le yang de la nutrition anti-âge.

Pendant que le curcuma combat l’inflammation qui attaque vos cellules, la CoQ10 combat l’oxydation et aide vos mitochondries à produire toute l’énergie dont elles ont besoin pour se défendre et pour se réparer. C’est cette complémentarité qui fait tout l’intérêt de prendre en même temps du curcuma et de la CoQ10.

Lorsque ces deux forces se rencontrent, elles deviennent complémentaires et se renforcent l’une et l’autre. En langage scientifique on parle alors « d’action synergique » ou de « potentialisation » de l’action d’une ou plusieurs substances par association de différents principes actifs. (4)

Quand vous associez la CoQ10 au curcuma, vous obtenez un duo nutritionnel de choc.

CoQ10 : un bouclier antioxydant pour votre cerveau

La CoQ10 est un super-nutriment qui agit dans vos mitochondries où elle joue le rôle d’étincelle pour déclencher la production d’énergie qui régénère votre cerveau ainsi que tous vos autres organes vitaux : votre coeur, votre foie, vos poumons, vos reins, votre peau, vos cheveux, vos yeux, vos muscles, vos os, vos articulations…

La Coenzyme Q10 est un nutriment si précieux que les découvertes concernant son mécanisme d’action ont valu le Prix Nobel au chercheur anglais Peter Mitchell, en 1978. Selon la théorie mitochondriale du vieillissement, plus les dommages oxydatifs sur nos mitochondries sont importants, plus les risques de maladies neurodégénératives augmentent. (5)

Et c’est là que la Coenzyme Q10 intervient car elle est l’un des antioxydants les plus puissants sur terre ! En réduisant l’agression oxydative au niveau des mitochondries, la CoQ10 a démontré sa capacité à affaiblir le pouvoir destructeur de la protéine bêta– amyloïde connue pour être l’un des principaux facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer.

Par ce mécanisme unique, la CoQ10 aurait donc le potentiel d’inverser l’évolution de la maladie d’Alzheimer au niveau moléculaire. (6)

Par ailleurs, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer présentent un taux faible de CoQ10 dans leur liquide céphalo-rachidien, ce qui montre aussi l’importance de la CoQ10. (7)

La CoQ10 constitue également une véritable promesse dans les études de la maladie de Parkinson sur les êtres humains. (8)

En 2011, une méta-analyse suggère que la prise de hautes doses de CoQ10 était bien tolérée par les patients atteints de la maladie de Parkinson, et pourrait procurer une amélioration tant sur la gravité que sur l’évolution des symptômes. (9)

Curcuma : le pompier qui éteint le feu de la neuro-inflammation

Selon plusieurs études, la curcumine protègerait les cellules du cerveau contre l’inflammation induite par les plaques amyloïdes. (10)

Ce n’est pas tout. Des études moléculaires révèlent que la curcumine a cette capacité unique : elle pourrait empêcher l’assemblage des molécules bêta-amyloïdes et pourrait également déstabiliser les plaques bêta-amyloïdes APRES leur formation. (11)

Cela permettrait d’éliminer les fragments bêta d’amyloïde avant qu’ils ne puissent se reformer et endommager les cellules du cerveau.

Prenez soin de vous,

Léopold Boileau, Votre correspondant

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Sources

1 September 27, 2016; 87 (13) SPECIAL EDITORIAL. The terrorist inside my husband’s brain. Susan Schneider Williams
https://www.thierrysouccar.com/sante/info/les-radicaux-libres-quest-ce-que-cest-546
3  Wei Xu, Lan Tan, Hui-Fu Wang, Teng Jiang, Meng-Shan Tan, Lin Tan, Qing-Fei Zhao, Jie-Qiong Li, Jun Wang, Jin-Tai Yu. Meta-analysis of modifiable risk factors for Alzheimer’s disease. Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry, 2015; jnnp-2015-310548 DOI: 10.1136/jnnp-2015-310548
https://www.cnrtl.fr/definition/synergie
5 Lenaz G, D’Aurelio M, Merlo Pich M, et al. Mitochondrial bioenergetics in aging. Biochim Biophys Acta. 2000 Aug 15;1459(2-3):397-404. Lass A, Agarwal S, Sohal RS. Mitochondrial ubiquinone homologues, superoxide radical generation, and longevity in different mammalian species. J Biol Chem. 1997 Aug 1;272(31):19199-204. Kidd PM. Neurodegeneration from mitochondrial insufficiency: nutrients, stem cells, growth factors, and prospects for brain rebuilding using integrative management. Altern Med Rev. 2005 Dec;10(4):268-93.
6 Ono K, Hasegawa K, Naiki H, Yamada M. Preformed beta-amyloid fibrils are destabilized by coenzyme Q10 in vitro. Biochem Biophys Res Commun. 2005 Apr 29;330(1):111-6.    
7 Isobe C, Abe T, Terayama Y. Increase in the oxidized/total coenzyme Q-10 ratio in the cerebrospinal fluid of Alzheimer’s disease patients. Dement Geriatr Cogn Disord. 2009;28(5):449-54.   
8 Orsucci D, Mancuso M, Ienco EC, LoGerfo A, Siciliano G. Targeting mitochondrial dysfunction and neurodegeneration by means of coenzyme Q10 and its analogues. Curr Med Chem. 2011;18(26):4053-64.   
9 Liu J, Wang L, Zhan SY, Xia Y. Coenzyme Q10 for Parkinson’s disease. Cochrane Database Syst Rev. 2011 (12):CD008150.    
10 Verma M, Sharma A, Naidu S, Bhadra AK, Kukreti R, Taneja V. Curcumin Prevents Formation of Polyglutamine Aggregates by Inhibiting Vps36, a Component of the ESCRT-II Complex. PLoS One. 2012;7(8):e42923.
Wang J, Zhang YJ, Du S. The protective effect of curcumin on Amyloid beta induced aberrant cell cycle reentry on primary cultured rat cortical neurons. Eur Rev Med Pharmacol Sci. 2012 Apr;16(4):445-54.
Huang HC, Xu K, Jiang ZF. Curcumin-Mediated Neuroprotection Against Amyloid-beta-Induced Mitochondrial Dysfunction Involves the Inhibition of GSK-3beta. J Alzheimers Dis. 2012 Aug 9.
11 Zhao LN, Chiu SW, Benoit J, Chew LY, Mu Y. The effect of curcumin on the stability of Amyloid beta dimers. J Phys Chem B. 2012 Jun 28;116(25):7428-35.
Sparks S, Liu G, Robbins KJ, Lazo ND. Curcumin modulates the self-assembly of the islet amyloid polypeptide by disassembling alpha-helix. Biochem Biophys Res Commun. 2012 Jun 15;422(4):551-5.