Pour votre santé, rien ne vaut un bon docteur.

Je vois le mien régulièrement. Et je m’appuie sur le travail de médecins brillants pour écrire les lettres que je vous envoie.

Mais avouons-le, il n’est pas si facile de trouver un bon médecin.

Voici une histoire que j’ai vécue. J’espère qu’elle vous sera utile.

 C’était il y a longtemps. Je venais de finir des examens à l’hôpital, lorsque le médecin est entré et a dit…

“Il faut qu’on cherche encore, c’est peut-etre une tumeur”

J’avais 30 ans. J’étais jeune marié. J’étais mort d’inquiétude.

Ce jour-là, je suis reparti de l’hôpital avec un rendez-vous pour des examens complémentaires et un traitement antibiotique.

Quelques semaines plus tard, j’étais chez ma belle-famille à la campagne, toujours dans l’attente de savoir si mes douleurs étaient dues à une tumeur.

Un matin, je me rends chez le médecin du village pour qu’il renouvelle mon ordonnance d’antibiotiques. Je crois en avoir pour 5 minutes. J’y reste deux heures.

Ce médecin, que je rencontre pour la première fois, me demande : « Pour quelle raison prenez-vous ces antibiotiques ? »

Je lui explique. Les terribles douleurs dans le bas-ventre apparues du jour au lendemain. Le spécialiste qui soupçonne une tumeur. Le traitement antibiotique en attendant la suite des examens.

C’est là que tout a basculé – – lorsque ce médecin de campagne que je voyais pour la première fois m’a posé cette question :

« Racontez-moi ce qui s’est passé ***AVANT*** que vous ne ressentiez ces douleurs ? »

Cette question en apparence anodine a pourtant suffi pour révéler que… je n’avais pas de tumeur !

Mes douleurs avaient été provoquées par un traitement antibiotique que j’avais suivi quelques semaines auparavant pour soigner une vilaine sinusite. En cherchant une tumeur et en renouvelant les ordonnances d’antibiotiques, le spécialiste que j’avais vu à l’hôpital faisait fausse route et ne faisait qu’aggraver ma situation.

Je suis sorti du cabinet de ce médecin sans ordonnance cette fois et avec l’ordre formel d’arrêter sur-le-champ ces antibiotiques.

Résultat : le lendemain j’avais moins mal. Une semaine plus tard, je n’avais plus aucune douleur !

Ce médecin de campagne était-il un génie de la médecine caché dans ce petit village de province ? Avait-il inventé une machine de diagnostic extraordinaire ? Etait-il un puissant magnétiseur ?

Non. Non. Et… non. Alors quoi ? Quel était son secret ?

Comment a-t-il percé le mystère de mes douleurs alors que les meilleurs spécialistes s’étaient lourdement trompés ?

En vérité, ce médecin avait une qualité aussi rare que précieuse

Cette qualité, c’est l’empathie.

Ce penchant naturel et spontané permet à une personne de partager les joies, les peines, les soucis, les douleurs d’une autre personne.

Cette qualité n’a rien à voir avec les diplômes ni les compétences scientifiques ou l’expérience professionnelle de votre médecin. Il va sans dire que ces qualités sont indispensables.

Pourtant, je crois que l’écoute et l’empathie sont la première qualité que vous devez trouver chez votre docteur.

Car s’il ne s’intéresse pas à ce qui vous arrive, comment peut-il vraiment vous aider ? S’il ne vous écoute pas – – s’il ne prend pas le temps nécessaire pour comprendre ce qui va mal et pour trouver ce qui vous guérira – – comment peut-il être un bon médecin ? Dans mon cas, il a suffi de prendre le temps de remonter le fil des événements pour comprendre ce qui m’arrivait et pour que je guérisse en un rien de temps ces douleurs qui me gâchaient la vie depuis des semaines.

Mais peut-être que vous vous dites que votre médecin n’a plus le temps pour cela ? Il est débordé par ses consultations. Sa paperasse. Les directives complexes du Ministère de la Santé… Tout ceci est bien réel. Depuis plusieurs années, quand 4 médecins partent à la retraite, un seul les remplace. [1]

En France, la pénurie des médecins est un désastre humain, sanitaire et social. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je vous encourage régulièrement à devenir votre premier médecin.

Intéressez-vous à ce qui se passe dans votre corps

Quand vous allez bien. Quand vous allez mal. Soyez à l’écoute de votre corps et de vos émotions.

Informez-vous sur les maladies et sur les remèdes qui existent, exactement comme vous le faites lorsque vous lisez les lettres que je vous envoie.

Faites des expériences – – commencez par votre alimentation car elle est notre première médecine : quand vous mangez tel ou tel aliment, allez-vous mieux ? Allez-vous moins bien ?

Diriez-vous que vous dormez bien ou mal ? Comment vous sentez-vous lorsque vous êtes en vacances ? Lorsque vous pratiquez une activité physique ? Lorsque vous prenez tel ou tel complément alimentaire ?

Observez ce qui se passe dans votre corps. Plus vous donnerez des informations précises à votre médecin sur ce qui se passe dans votre corps, mieux il pourra vous soigner.

Cette communication entre votre corps, vous et votre médecin est primordiale pour votre santé. Les erreurs médicales sont la 3ème cause de mortalité en France. On parle d’au moins 60’000 décès chaque année à cause d’erreurs médicales ! Selon Sadek Beloucif, président du Syndicat national des médecins et chirurgiens des hôpitaux publics (Snam-HP), une grande partie de ces drames pourrait être évitée, simplement grâce à… « une meilleure communication ». Entre votre médecin et vous. Entre  votre pharmacien et vous. Et bien sûr, grâce à une meilleure communication entre eux. [2]

Votre médecin vous écoute-t-il vraiment ?

Posez-vous cette question honnêtement.

Si vous avez l’impression que votre médecin n’est pas suffisamment à votre écoute, pourquoi ne pas aller voir un autre médecin ? Qu’est-ce qui vous en empêche ? Je suis certain qu’il y a un médecin à l’écoute près de chez vous et vous méritez de faire sa connaissance.

L’être humain n’est pas un objet que l’on répare en suivant un guide de maintenance. Chaque personne est unique. Vous êtes unique. Vous devez sentir cela lorsque vous êtes en présence de votre médecin, dans l’intimité de son cabinet médical. Cette relation entre votre médecin et vous est tellement importante !

Si un médecin vous rencontre pour la première fois, il devrait prendre le temps de vous écouter, de vous poser des questions sur vous. Votre vie quotidienne. Votre histoire. Votre alimentation. Votre santé. Les maladies que vous avez eues. Les traitements que vous avez suivis. Tous ces sujets devraient être abordés par un médecin qui vous rencontre pour la première fois.

En langage médical, on parle de « l’anamnèse ». Ce terme vient du grec ancien « anamnêsis », qui signifie littéralement « action de rappeler à la mémoire ». Votre médecin doit être votre guide dans ce travail. En vous posant les questions. En écoutant vos réponses. Pour faire votre diagnostic. Pour vous proposer les traitements les mieux adaptés à vos besoins.

Le médecin canadien William Osler, l’un des précurseurs de la médecine moderne, disait d’ailleurs : « Écoutez attentivement le malade, il vous dit le diagnostic ! » [3]

Et si votre médecin vous connaît depuis des années ?

Il devrait continuer à s’intéresser à toutes ces choses qui sont essentielles pour votre santé.

Être vigilant à ce qui se passe dans votre corps et dans votre vie. Eviter à tout prix de tomber dans la routine. Car votre santé évolue en permanence.

J’ai le souvenir que mon beau-père était devenu ami avec son médecin. Lorsqu’il avait besoin de le consulter, son médecin lui disait : « Viens me voir en fin de journée, comme ça on aura le temps de discuter et de rigoler un peu. » La consultation était devenue une routine. La relation amicale avait pris le dessus sur la relation patient-médecin. Mon beau-père, qui se plaignait depuis plusieurs années de différents troubles, est décédé à 63 ans d’une maladie du foie. Son médecin ne lui avait jamais prescrit ni examen, ni traitement pour son foie alors qu’ils se voyaient régulièrement depuis des années.

Chaque consultation chez votre médecin est un moment clé pour votre santé. Ce n’est jamais véritablement une « visite de routine ».

Gardez votre esprit critique

Pour trouver un bon médecin ou un bon spécialiste, on a tendance à se fier à ce que disent les gens autour de vous.

C’est naturel. D’autant plus que vous trouverez souvent des personnes de votre entourage qui trouvent que leur médecin est « formidable ». Peut-être qu’il l’est. Peut-être pas. Si on vous conseille un médecin, tant mieux, allez le voir. Mais faites-vous votre propre opinion. Ayez confiance en votre propre jugement.

Ne vous laissez pas impressionner par la réputation d’un médecin ou le titre inscrit sur la porte de son cabinet. J’ai le souvenir d’une amie qui est allée voir une grande ponte de la dermatologie à Paris. Elle souffrait d’un eczéma grave et sur tout le corps. C’est sa tante, elle-même dermatologue, qui lui avait recommandée cette spécialiste : « Va la voir, c’est la meilleure. » Mon amie y est allée. Elle raconte : « J’attendais tellement de ce rendez-vous ! En fait, il a duré 2 minutes. Elle ne m’a posé aucune question. Elle ne m’a même pas demandé d’enlever mon pull pour voir mes plaques ! Je suis repartie avec une ordonnance pour un médicament que j’avais déjà eu et qui n’avait eu aucun effet. »

La prochaine fois que vous voyez votre médecin, posez vous ces questions

Votre médecin vous écoute-t-il vraiment ?

Avez-vous l’impression de pouvoir lui adresser les questions que vous vous posez ? Est-il ouvert à vos suggestions ? Prend-il en compte votre avis ? Explique-t-il volontiers les examens ou les traitements qu’il vous propose ?

Posez-vous ces questions sincèrement, objectivement, sans peur.

Ce n’est pas une méthode scientifique. Mais ces questions vous aideront grandement à savoir si vous avez trouvé un bon médecin.

Et si vous faites face à une maladie grave ou dont le diagnostic est complexe, pourquoi ne pas demander l’avis d’un deuxième médecin qui vous regardera avec un oeil neuf ?

Prenez soin de vous,

Léopold Boileau,
Votre correspondant

P.S. : sur le blog Explora Santé, Pascal a écrit ce commentaire qui fait écho à la lettre d’aujourd’hui :

« La médecine allopathique est devenue un centre de mécaniciens hautement performants et les médecins et généralistes (pour un certain nombre) des ordonnanciers car ils n’ont plus le temps d’écouter la personne devenue le patient ! Bien triste sort pour une profession de première utilité et de relationnel incontournable. »

Qu’en pensez vous ? Quelles expériences extraordinaires avez-vous vécues avec votre médecin ? Quelles expériences désastreuses avez-vous connues ? Partagez-les en commentaire ici !

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Sources

[1] https://blogs.mediapart.fr/la-science-au-xxi-siecle/blog/070218/manque-de-medecins-et-catastrophe-sociale-i-0

[2] http://www.leparisien.fr/societe/erreurs-medicales-a-quand-une-vraie-transparence-23-11-2017-7409415.php

[3] https://www.passeportsante.net/fr/Maux/examens-medicaux-operations/Fiche.aspx?doc=anamnese