En 1963, le mathématicien Edward Lorenz posa cette question fondamentale pour comprendre le monde qui nous entoure :

« Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? »

C’est la célèbre théorie de « l’effet papillon » qui nous a permis de prendre conscience qu’un événement aussi infime que le battement d’ailes d’un papillon à une extrémité de la Terre peut avoir une influence gigantesque à l’autre bout de la planète.

Cette pensée s’applique tout aussi bien à la vie à l’intérieur de notre corps.

Et l’un des meilleurs exemples de ce phénomène est probablement celui de notre thyroïde, cette glande minuscule en forme de papillon qui, lorsqu’elle ralentit, vous donne l’impression de prendre 20 ans d’un seul coup !

Une glande minuscule et puissante

Votre thyroïde est une petite glande située dans votre cou juste en-dessous de la pomme d’Adam.

Elle sécrète des hormones impliquées dans pratiquement toutes les fonctions cruciales de votre organisme – votre cœur, votre système digestif, votre cerveau.

Différents troubles peuvent nuire à son bon fonctionnement : apparition de nodules, d’un goitre (grosseur à la base du cou), thyroïdite (inflammation de la thyroïde), cancer… Ils peuvent provoquer un excès d’hormones thyroïdiennes (hyperthyroïdie) ou un déficit (hypothyroïdie).

J’y reviendrai après plus en détails mais vous pouvez déjà retenir que votre thyroïde est comme une éponge qui absorbe toutes sortes de polluants. De ce fait, les risques de déséquilibres thyroïdiens sont élevés et des millions de personnes sont concernées.

Aujourd’hui, je vais traiter exclusivement de l’hypothyroïdie car elle est le trouble le plus courant et celui dont le plus de personnes souffrent sans le savoir.

Hypothyroïdie : vous en subissez les conséquences partout dans votre corps

En cas d’hypothyroïdie, vous ressentez une fatigue intense, qui dure.

Vous pourriez également prendre du poids alors même que vous ne mangez pas plus qu’avant.

C’est logique, quand votre thyroïde ralentit, votre métabolisme ralentit aussi.

Vous pourriez aussi ressentir des douleurs dans vos articulations ou vos muscles. Avoir la peau pâle et sèche. Des ongles et des cheveux fragiles et cassants. Ressentir une grande frilosité. Avoir des pieds et mains gonflées. Des problèmes de sommeil. La voix enrouée. Des problèmes menstruels. De la constipation. Être déprimé (vous n’avez plus le goût de faire des choses qui vous plaisaient avant).

Un autre signe étrange et caractéristique de l’hypothyroïdie est la perte du tiers externe des sourcils. Ce n’est pas systématique mais c’est un signe si particulier qu’il constitue un excellent révélateur.

Si vous avez des antécédents de problèmes de thyroïde dans votre famille, si vous souffrez de la maladie coeliaque, de la polyarthrite rhumatoïde, de la sclérose en plaques, du lupus, d’allergies – votre risque d’hypothyroïdie augmente encore.

Si vous faites l’expérience d’au moins trois de ces symptômes ou que l’on vous a déjà diagnostiqué un problème de thyroïde, je vous encourage vivement à lire la suite de cette lettre.

Diagnostic : un simple contrôle sanguin ne suffit pas

Les symptômes de l’hypothyroïdie sont diffus et cela explique pourquoi beaucoup de personnes en souffrent pendant des années sans le savoir.

Comme les symptômes apparaissent souvent après 50 ans, vous pourriez penser que l’âge est responsable… Mais c’est probablement faux et vous avez intérêt à creuser davantage le problème.

Pour diagnostiquer un problème de thyroïde, votre médecin commencera par vous prescrire une analyse de votre taux de TSH. C’est le test de base, voire basique. À lui seul, le test de la TSH ne suffit pas et les spécialistes recommandent désormais deux tests complémentaires que vous pouvez demander à votre médecin : [1]

  • Test complémentaire n°1 : La T4 libre et la T3 libre, les hormones thyroïdiennes actives et inactives. La T4 est l’hormone produite par la glande thyroïde et convertie en la forme active de T3 (principalement dans le foie). Le stress, les métaux lourds (tels que le mercure), les produits pétrochimiques, les infections et les levures peuvent altérer ce processus de conversion, empêchant votre corps de fabriquer des quantités adéquates de l’hormone active T3. Par conséquent, la TSH et la T4 libre peuvent être normales alors que la T3 libre est anormale.
  • Test complémentaire n°2 : Les anticorps thyroïdiens, y compris les anticorps thyroïde peroxydase et les anticorps anti-thyroglobuline, qui recherchent une réaction auto-immune de la thyroïde.

En suivant ces recommandations, vous saurez ce qu’il se passe vraiment au niveau de votre thyroïde et votre médecin pourra vous proposer un traitement adapté.

Toutefois, que pouvez-vous faire en plus ? Si vous êtes déjà sous traitement, si vous ressentez les signes d’une hypothyroïdie ou si vous souhaitez tout simplement soutenir le fonctionnement de votre thyroïde ? C’est ce que nous allons voir maintenant.

Evitez ces polluants qui asphyxient votre thyroïde

Votre thyroïde est comme une éponge et elle capte en grande quantité les polluants de votre environnement.

Pendant des années, on a mis l’augmentation des problèmes de thyroïde sur le compte du nuage de Tchernobyl et des aliments contaminés à cette époque. Depuis, bien d’autres polluants environnementaux ont pris la relève. Il y a ainsi des milliers de perturbateurs endocriniens comme le glyphosate qui sont susceptibles de dérégler la thyroïde. Méfiez-vous aussi des métaux lourds qui se fixent dans la thyroïde. Pour limiter ces polluants, le choix d’une alimentation bio est préférable si vous souffrez de la thyroïde ou si vous souhaitez simplement mieux la protéger.

Certains médicaments perturbent également la thyroïde. C’est le cas de l’amiodarone (Cordarone), les glucocorticoïdes, les contraceptifs hormonaux, le lithium, les interférons.

A la pollution extérieure s’ajoute cette pollution intérieure : le stress. Car on sait que le stress chahute votre système hormonal dont la thyroïde est l’un des éléments les plus importants et les plus fragiles.

Pour soutenir votre thyroïde, les spécialistes recommandent également la prise de certains nutriments. [2]

Ces 6 nutriments font du bien à votre thyroïde

  1. L’iode est un nutriment essentiel pour le fonctionnement de votre thyroïde. Vous pouvez l’obtenir à partir de sel iodé. Toutefois attention, ce n’est pas celui que vous trouvez dans le sel de table mais celui que vous trouvez dans les algues, comme le wakamé.
  2. Les acides gras oméga-3 jouent un rôle important dans la production d’hormones thyroïdiennes. Vous en trouvez dans les graines de lin, les sardines et le saumon sauvage.
  3. La vitamine D aide l’hormone thyroïdienne T3 à se lier au récepteur qui contrôle la fonction des gènes et notre métabolisme global. Des doses élevées de vitamine D de 5000 à 10000 unités par jour pendant plusieurs mois peuvent être nécessaires. À long terme, 1000 à 2000 unités par jour suffisent.
  4. Le sélénium aide à convertir la T4 en T3 et permet la production de l’hormone thyroïdienne active. Les noix du Brésil en contiennent de bonnes quantités.
  5. Le zinc est également important pour la fonction thyroïdienne. Vous en trouvez notamment dans les fruits de mer (en particulier les huîtres), le poulet, le foie, les épinards.
  6. Les vitamines B contribuent à la fonction thyroïdienne. On les trouve dans les grains entiers, le foie et les légumes à feuilles vertes.

Thyroïde : le super-nutriment oublié

On parle moins souvent de ce nutriment et pourtant, il joue un rôle crucial pour le fonctionnement de la thyroïde.

Le magnésium exerce en effet plusieurs fonctions clés au niveau thyroïdien :

  • Il est responsable de la conversion de l’hormone thyroïdienne T4 inactive en la forme active de T3. Ceci est extrêmement important car le métabolisme de vos cellules corporelles est stimulé par la T3 et non par la T4 inactive.
  • Sans magnésium, la plupart des enzymes thyroïdiennes qui fabriquent les hormones thyroïdiennes ne pourraient tout simplement pas fonctionner.

Le problème est que près de 8 Français sur 10 souffrent d’une carence en magnésium sans le savoir. [4] Ce risque concerne aussi les personnes qui ont une alimentation soignée car des études montrent que les techniques d’agriculture moderne ont supprimé jusqu’à 70% du magnésium de nos aliments. [5]

C’est la raison pour laquelle les nutritionnistes conseillent de prendre, chaque jour, une petite dose de magnésium. C’est un geste simple. Naturel. Peu coûteux. En complément de votre alimentation, préférez une forme de magnésium hautement assimilable comme le bisglycinate.

En plus de son action pour la thyroïde, le magnésium est le nutriment le plus étudié par les scientifiques. Ils reconnaissent son extrême importance pour la santé de notre coeur, de nos os, de notre cerveau et pour toutes les autres fonctions biologiques de notre corps.

Certains diront que ce geste n’est qu’une goutte d’eau qui ne changera rien pour votre santé. Je dis que ce peut être tout autant le battement d’ailes de papillon qui, je l’espère de tout coeur, aura des effets aussi puissants que bénéfiques pour votre santé.

Prenez soin de vous,

Léopold Boileau, Votre correspondant

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Sources

[1] The Ultra Thyroid Solution, Mark Hyman, 2008

[2] The Ultra Thyroid Solution, Mark Hyman, 2008

[3Hsu JM, Root AW, Duckett GE, Smith JC Jr, Yunice AA, Kepford G. The effect of magnesium depletion on thyroid function in rats. J Nutr. 1984 Aug;114(8):1510-7. PubMed PMID: 6747732.

[4] Arch Intern Med. 2004 Nov 22;164(21):2335-42.The SU.VI.MAX Study: a randomized, placebo-controlled trial of the health effects of antioxidant vitamins and minerals.Hercberg S, Galan P, Preziosi P, Bertrais S, Mennen L, Malvy D, Roussel AM, Favier A, Briançon S.

[5Mayer, A-M. 1997. Historical changes in the mineral content of fruits and vegetables: a cause for concern?. p. 69-77 In W. Lockeretz, (ed). Agriculture Production and Nutrition: Proc. Sept 1997. Tufts University.